Portraits d’adhérents #9 : La Fiesta des Suds
Le PAM met en avant ses adhérents à travers leur portrait, pour valoriser leurs initiatives et projets innovants !
Pour le mois d’octobre, c’est la Fiesta des Suds qui est mise en lumière à l’occasion de son festival qui se tiendra en début de mois à Marseille. L’équipe a répondu à nos questions.
(c) Jean de Pena
En 1992, la première Fiesta a vu le jour dans les anciens Docks, avec une forte volonté de relier Marseille au monde. Quels étaient les enjeux ou les inspirations fondatrices de cette première édition ?
Pour comprendre la révolution qu’a engendré l’arrivée de la Fiesta des Suds en 1992, il faut se replonger dans le contexte de la fin du siècle dernier, un saut en arrière de 35 années, une éternité. A l’époque, Marseille a mauvaise presse, la ville perd des habitants chaque année et se signale par son désert culturel tout en reniant sa propre histoire : notamment en laissant en déshérence des bâtiments entiers de son patrimoine post-industriel et en tournant le dos à la richesse culturelle de ses communautés arrivées par la mer. La naissance de la Fiesta des Suds c’est donc l’histoire d’une bande d’amis rompue aux ambiances de ferias et de movida créative qui agitaient Barcelone. Une équipe de pionniers qui a eu pour projet de changer le regard sur la ville par la fête et le spectacle vivant, d’habiter ses friches abandonnées, de les remplir d’arts, de musiques et de gastronomies, de célébrer ces Suds intimement liés à la ville, la Méditerranée, l’Afrique Subsaharienne, les Caraïbes, l’Océan Indien ou encore l’Amérique Latine. Une ode à l’altérité, au mélange des gens, des genres et des générations comme on l’a toujours formulé. Un véritable choc à l’époque auquel les Marseillaises et les Marseillais (et bien au-delà) ont instantanément adhéré … Dès son acte de naissance, la Fiesta des Suds rugissait par son engouement populaire, révélant la ville sous un autre jour (et sous bien d’autres nuits). Et depuis 35 ans cette passion perdure et se réinvente.
Depuis ses débuts, la Fiesta des Suds défend une ligne artistique singulière, résolument tournée vers les "musiques planétaires". Pourquoi avoir fait ce choix dès le départ, et comment parvenez-vous à le renouveler sans céder à la standardisation actuelle des programmations ?
La Fiesta des Suds n’est pas un festival de niche mais un événement fièrement généraliste et populaire. Aussi sa programmation a toujours été un savant mélange de têtes d’affiche, de groupes émergents, de pépites inattendues, de figures iconiques comme de collectifs tapageurs. Le mantra originel était : le meilleur d’Ici et d’Ailleurs. Évidemment les musiques qui incitent à la danse ont souvent nos faveurs, mais ce qui caractérisent en priorité les artistes programmés, c’est leur générosité, de celle qui justifie l’appellation de spectacle vivant (pas simplement la duplication d’un show identique partout sur une même tournée) et qu’ils soient à la hauteur de l’ADN de la Fiesta des Suds, quelles que soient leurs esthétiques, quelles que soient leurs origines… On aime à croire que les artistes donnent toujours quelque chose de différents à la Fiesta des Suds, de par son atmosphère singulière et son cadre à part (en plein air, au bout du port, sur un site magique au mois d’octobre ! Qui d’autre propose cela ?).
La Fiesta a changé de lieux au fil des années, des Docks à la Friche, puis à l’esplanade du J4. Ces déménagements successifs ont-ils changé votre façon de concevoir le festival, et si oui comment ces lieux ont-ils influencé son identité ?
La Fiesta des Suds a été nomade tout au long de son histoire. 35 années, 6 sites différents et une manière d’aménager et d’imaginer des lieux qui restent une signature du festival. Ce nomadisme a obligé l’association ainsi que les équipes successives à déployer beaucoup d’agilité et d’inventivité (de résilience aussi comme après l’incendie de l’ancien Dock des Suds en 2005). Le privilège d’être un festival historique, le plus ancien à ce jour à Marseille, c’est qu’il est devenu un marqueur de la mémoire collective marseillaise, sur plusieurs générations, mais aussi un repère calendaire dans la vie de la cité. Cette position nous pousse à être à la hauteur de cette belle attente : la Fiesta des Suds nous dépasse de loin et appartient depuis longtemps aux Marseillaises et aux Marseillais. Bon nombre y ont des souvenirs accrochés, d’autres s’y façonnent et beaucoup ont un avis sur elle (en bien ou en mal)… C’est une marque d’affection – rare - qui nous oblige. Ce qui nous surprend toujours, c’est qu’on ne dit pas « on va à la Fiesta » mais « on va faire la Fiesta »… Ça veut dire beaucoup sur le degré d’engagement de nos publics (loin de l’aspect purement consumériste qu’on croise parfois sur certains événements).
Aftermovie de la FIesta des Suds 2024
Cette année encore, le PAM a la chance de pouvoir clôturer son Forum de Rentrée à l’ouverture de la Fiesta des Suds 2025. Accueillir les pros de la musique en clôture du Forum du PAM, c’est aussi créer un espace de rencontres informelles et d’échanges. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
On a l’habitude de dire que la Fiesta des Suds ferme la saison estivale et ouvre la saison automnale. À ce moment de jonction, il nous semble très important de pouvoir accueillir les actrices et les acteurs de la filière musicale régionale, à la fois sur un temps convivial, mais aussi sur un temps de rencontre. On connait la situation générale actuelle de l’écosystème musical, traversé par de multiples mutations, engagé ou incité à de nombreuses transitions. En ces temps troubles qui nourrissent beaucoup d’interrogations sur nos modèles, il est essentiel de pouvoir se rassembler, échanger, partager nos réflexions et faire réseau. La Fiesta des Suds est de ces espaces où cela est possible.
Le Conseil d’Administration du PAM et de nombreux adhérents du PAM à la Fiesta des Suds, octobre 2024
Billetterie
En savoir + sur la Fiesta des Suds
Du 9 au 12 octobre 2025 à l’Esplanade du J4 - Gisèle Halimi (13002).
En savoir + sur le Forum de Rentrée du PAM
